Combien de fois vous êtes-vous répété « il faut que je sorte de ma zone de confort » ? Qu’entendez-vous par là ? Sortir de sa zone de confort serait-il un sésame qui ouvre spontanément la voie à une vie nouvelle et épanouissante ? La réalité est à la fois plus nuancée et plus riche.
Je vous invite à comprendre l’origine de cette expression « zone de confort », à en explorer les confins et à préparer vos excursions en zones d’apprentissages et de découverte de soi.
Qu’est-ce qu’on appelle la zone de confort ?
La zone de confort est une notion théorisée en 1906 par les psychologues Robert M. Yerkes and John D. Dodson. Ils ont démontré la corrélation entre le niveau de stress et le niveau d’activation et de performance et cela jusqu’à un certain point estimé optimal et propre à chacun. En de ça de ce point, l’esprit somnole – zone de confort. De part et d’autre de ce point, la performance cognitive est activée par un niveau de stress minimal qui maintient l’éveil et l’action – zone d’apprentissage. Au-delà de la zone optimale, le stress et la fatigue sont élevés et la performance diminue – zone de panique.
La zone de confort est une zone de vie dans laquelle on se sent à l’aise et en sécurité. Elle est faite de gestes quotidiens, de lieux connus, de postures qui génèrent peu d’anxiété ou de stress. Il s’agit d’actions que nous faisons régulièrement sans les questionner ou d’attitudes et de pensées qui nous sont familières. Par exemple, prendre sa voiture tous les matins sur le même trajet ; accomplir des tâches professionnelles avec l’aisance de l’habitude ; lire le même et unique quotidien, voir les amis dans un café chaque samedi après le marché ; partir en vacances au même endroit. Ne faire que ce que l’on sait faire, en somme !
Des éléments de nos zones de confort, nous le verrons plus loin, sont indispensables car ils nourrissent des besoins vitaux et permettent de construire des zones de stabilité sur lesquelles s’appuyer en périodes d’évolution ou de changement.
Paradoxalement, la zone de confort n’est pas toujours faite de choses positives ou agréables. Elle signifie seulement qu’on a plus de « confort » à accepter des choses familières même si ce sont des relations difficiles avec des collègues ou un travail ennuyeux, qu’à se mobiliser pour les remettre en question. Il y a plus d’avantages et moins de stress à rester dans une zone d’habitudes, qu’à explorer d’autres façons de faire.
Zone de confort ou zone de routine ?
Il est étonnant de vouloir sortir d’une zone de confort, non ? Pourquoi quitter un endroit sécurisant ? L’expression « zone de routine » semble plus adéquate car elle associe au confort la notion d’habitudes ennuyeuses ou un climat peu propice aux découvertes et à l’accomplissement. En effet, le prix de la sécurité et du confort peut conduire à l’atrophie : une zone de confort où l’on s’endort dans un cocon familier, insensible aux alertes du réel, telle la grenouille plongée dans de l’eau froide que l’on fait bouillir doucement et qui « meurt à petit feu ».
On parle aussi du syndrome de la prison dorée qui correspond à la difficulté à quitter une zone de confort matériel pour une situation plus épanouissante et peut être moins stable ou moins rémunératrice. L’éclat doré des barreaux peut-il suffire sur le long terme à cacher des conflits de valeurs, la perte de sens, l’ennui et la dévalorisation de soi ? À demeurer trop longtemps derrière des barreaux dorés, le risque est de passer à côté de ses envies profondes et de sa propre vie.
Connaître ses zones de confort
Quand un client me dit « il faut que je sorte de ma zone de confort », je lui demande ce qu’il entend par « sa zone de confort » et l’invite à faire un état des lieux très précis de ses zones de confort. Pour sortir d’une pièce, il faut d’abord y rentrer ! Pour savoir ce que l’on garde ou laisse derrière soi, il faut en avoir fait l’inventaire.
La zone de confort est propre à chacun ; pour certains, la mobilité géographique, être locataire de son logement, et enchaîner les CDD sont des zones de confort. Pour d’autres la stabilité matérielle et professionnelle sont les garants impératifs d’un sentiment de sécurité. Il n’y a pas de règle, ni de zone de confort « modélisable ». La zone de confort est singulière, mouvante et a besoin d’être réactualisée à différentes périodes de nos vies.
Parler « des zones de confort » permet d’aborder les différents domaines de nos vies et d’être précis sur les évolutions à mettre en œuvre. Par exemple, s’engager dans une reconversion professionnelle implique de faire évoluer des zones de confort dans le travail, et aussi en termes d’attitude, de relations aux autres ou d’habitude matérielle. Certains ont des zones de confort matériel très ancrées et des prises de risque intellectuelles ou militantes insensées et vice versa, de grands voyageurs installent dans leur façon d’être des routines sécurisantes qui limitent leur découverte du monde.
Pour découvrir vos zones de confort, je vous invite à mettre noir sur blanc tous les éléments de routine que vous repérez dans :
- Environnement : Quelles sont vos zones de confort par rapport à votre environnement géographique et matériel, le pays, la région et la ville où vous habitez, vos lieux de vacances, vos trajets quotidiens, votre habitation, les relations avec vos voisins, les commerçants du quartier ?
- Vie personnelle : Quelles zones de confort repérez-vous dans vos relations avec vos amis, votre famille. Quelles sont vos habitudes quotidiennes, hebdomadaires et annuelles ? Quelles routines avez-vous en termes de soirées, d’activités, de vacances, de week-end ?
- Vie professionnelle : Quelles routines repérez-vous au travail, en termes de tâches, d’échanges avec les collègues, d’organisation de votre journée et de votre semaine, d’environnement matériel, de relations hiérarchiques ?
- Vie intime : Quels sont les mots, les gestes, les habitudes qui se sont installés dans vos relations ? Quels rôles et répartition des tâches sont empreints de routine ?
Pourquoi sortir de sa zone de confort ?
Une fois l’inventaire de ses zones de confort fait, il est bon de faire le point sur les raisons de quitter certaines routines.
- Quitter ma zone de confort est-il lié à des injonctions extérieures ou cela relève-t-il d’un besoin d’avancer vers des zones de nouveauté, de découverte ?
- Ma routine est-elle dictée par une réponse à des injonctions familiales ou autres, ou correspond-elle à un besoin profond de sécurité ?
- Mes habitudes sont-elles au service de mes projets actuels ?
- Quels sont les domaines de ma vie où l’épanouissement n’est pas au rendez-vous ?
- Quels sont les avantages que je trouve à ne pas changer et ceux que je trouverais à évoluer ?
- Dans le changement, quelles valeurs est-ce que je veux conserver ?
En période d’évolution ou de reconversion professionnelle, des changements profonds interviennent et des espaces familiers, de confort et de sécurité peuvent être maintenus. Ils servent de support, de tremplin au changement. Sans appui, l’élan est difficile et ressemble plus à un saut dans le vide !
Alors, y a-t-il des routines, des habitudes que j’ai envie de conserver comme base solide sur laquelle prendre appui pour « aller vers » ?
De la zone de confort à la zone d’apprentissage
L’audace est un muscle qui se travaille !
Sortir de sa zone de confort n’implique pas d’exploit ou de geste spectaculaire. Un voyage au bout du monde fait en gardant des schémas de pensée habituels ne fait pas nécessairement sortir de sa zone de confort. On peut quitter sa zone de confort en restant dans son canapé ! Sortir de sa zone de confort, c’est se fixer des mini défis afin de passer de « je ne sais pas donc je ne peux pas » à « je vais essayer » afin réactiver en soi le goût de la découverte.
Faire preuve de curiosité positive et rechercher des éléments concrets permettant de nourrir une envie ou un rêve. Quand un client me dit « ah non, ça, ça n’est pas possible », je lui demande « entendu, et comment le sais-tu ? », alors commence le processus d’exploration et les petits pas vers la zone d’apprentissage.
S’inscrire à un cours en ligne, décider de prendre la parole en réunion, changer de lieux de vacances, faire des démarches pour entamer une reconversion professionnelle et se faire accompagner, s’informer sur un métier qui nous plairait, rencontrer des professionnels pour échanger sont autant de petit pas hors de sa zone de confort. Pour les personnes hyperactives, décider de se poser pour réfléchir et se concentrer sur une action est aussi une façon de sortir de sa zone de confort.
Nous construisons des schémas de pensées ou des attitudes qui sont souvent des prétextes « à ne pas sortir de notre zone de confort ». Déclarer « je ne suis pas bricoleur, pas sportif, pas commercial…. » sont des affirmations (négatives…) qui méritent d’être questionnées, non ?
À trop se mettre ou accepter d’étiquettes, on risque de rester longtemps sur la même étagère et de prendre la poussière !
Par exemple, j’ai réalisé en réfléchissant sur mes zones de confort que de déclarer « moi les réseaux sociaux, ça ne m’intéresse pas et je n’en ai pas besoin » m’a permis pendant des années de ne pas chercher à me former, ni à utiliser les réseaux. En créant mon entreprise de coaching professionnel, j’ai dû sortir de ma zone de confort et explorer les atouts et inconvénients des réseaux pour apprendre à m’en servir en adéquation avec mes valeurs et mes besoins.
Tout changement oblige à des lâcher-prises et à des deuils. Le deuil de notre confort, le deuil d’habitudes, de stratégies et d’expertise avec lesquelles nous étions à l’aise, de comportements qui étaient appropriées, mais qui ne le sont plus. Se remettre en mouvement, actualiser ses besoins et mettre ses actions en cohérence permet de renouer avec l’indispensable élan vital.
En entrant dans la zone d’apprentissage, des territoires nouveaux s’ouvrent à nous. Les apprentissages de toutes natures permettent d’évoluer, de renforcer ses compétences, et son estime de soi en se disant « je suis fier d’avoir essayé », « j’ai appris », « j’ai réussi ». Au début, vous traverserez des zones peu confortables avec le sentiment de perdre pied, de ne pas y arriver comme lorsqu’on apprend une nouvelle langue, jusqu’à acquérir plus d’aisance et vous sentir à nouveau en sécurité. Il est important d’être persévérant et positif et d’accepter le temps du changement. La zone de confort ne disparaît pas, elle s’enrichit. Les petits pas permettent de grandes enjambées en temps voulu. Vous découvrirez petit à petit que les clés du changement sont dans votre poche et qu’elles ne sont ni perdues, ni remises au conjoint ou au supérieur hiérarchique ! Vous êtes aux manettes de votre propre évolution.
Au sujet de cet apprentissage, je vous recommande de lire le témoignage de Pablo Dhaini – de « Spontanez-vous » – qui raconte comment il est sorti de sa zone de confort grâce au théâtre d’improvisation.
De la zone d’apprentissage à la zone de panique
Nous sommes tous très différents devant le changement. Les passionnés évoluent en permanence en zone d’apprentissage. Au-delà se trouve la zone de panique ; celle où on perd ses repères, où les pics de stress et de fatigues sont incessants. Pour certains, cette zone devient rapidement une zone magique de challenge, pour d’autres elle augmente la charge mentale et conduit à l’épuisement. Il est donc important de veiller à ne pas basculer dans une zone de panique. Restez attentifs aux signaux de stress trop importants, aux remarques de votre entourage et à l’équilibre global de votre environnement.
Et vous, quelles sont vos zones de confort et vos routines ? Quels aspects de votre vie vous freinent dans la réalisation de vos rêves ?
Quel est le premier petit pas que vous allez faire demain vers la zone d’apprentissage ?
Si vous souhaitez être accompagné pour « sortir de vos zones de confort » dans le respect de votre rythme et de vos besoins, contactez-moi.